JO d’hiver 2018 : une pluie de médailles attendue

JO 2018 PYEONGCHANG

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Les 23èmes Jeux Olympiques d’hiver, qui se déroulent du 9 au 25 février 2018 à PyeongChang, verront l’attribution d’au moins 306 médailles. C’est 6,2 fois plus qu’aux Jeux de Chamonix en 1924 (et 3 fois plus qu’aux Jeux de Sapporo en 1972).

Dans le même temps, le nombre de participants a été multiplié par 11. Une lecture trop rapide de cette information nous conduirait à nous focaliser sur le fait que la probabilité, pour un athlète prenant part aux Jeux d’hiver, d’obtenir une médaille a presque été divisée par 2 entre 1924 et 2018. Un examen un peu plus attentif de la situation nous permet de constater que la probabilité d’obtenir une médaille est très stable (autour de 10 %) depuis l’après-guerre.

La suprématie historique de 15 nations

L’examen de la répartition des médailles entre les différents pays participant fait apparaître un groupe de 15 nations qui accapare, à chaque olympiade, 87 % (au moins) des breloques. Ces 15 nations peuvent être regroupées en 6 sous-ensembles : les alpins (Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, France), les nordiques (Norvège, Finlande, Suède), les Nord-Américains (États-Unis, Canada), les Asiatiques (Chine, Corée du Sud, Japon), la Russie et les Pays-Bas. La présence des athlètes néerlandais, habitants d’un plat pays, ne doit pas surprendre. Les Pays-Bas sont le pays des canaux, souvent gelés en hiver, sur lesquels les patineurs de vitesse trouvent un terrain de jeu XXL. Il conviendrait d’ajouter à la liste des alpins le Liechtenstein et la Slovénie (qui obtiennent de-ci de-là des médailles), mais nous nous contenterons de nous focaliser sur les performances des 15 pays cités ci-dessus, en agrégeant les performances de l’Allemagne de l’Ouest et de l’Allemagne de l’Est jusqu’en 1988 et en assimilant la Russie à la CEI en 1992 et à l’URSS auparavant (ce qui est critiquable, on peut en convenir).

Une suprématie désormais grignotée

L’examen de la performance du « groupe des 15 » depuis 1968 fait apparaître que l’hégémonie des nations historiques est désormais grignotée par quelques nouveaux venus tels que la Biélorussie (en réalité déjà présente dans le groupe jusqu’en 1992), la Pologne ou l’Australie.

La contestation de la suprématie des « alpins »

Si l’on examine ces performances par sous-ensembles régionaux, on observe une contestation de plus en plus marquée de la suprématie des « alpins » qui ne décrochent plus que 25 % des médailles contre près de 40 % à l’époque des Jeux de Grenoble. L’un des enjeux des jeux de PyeongChang sera de savoir si les Nord-Américains les dépasseront pour la 1ère fois (la progression de l’Amérique du Nord étant très largement imputable aux performances remarquables des canadiens depuis les Jeux de Nagano).

On observe aussi une progression substantielle des trois « colosses » asiatiques, passés de « presque rien » dans les années 1980 à 10 % des médailles aujourd’hui. Les Jeux de 2018 puis de 2022 (en Chine) pourraient voir le score du groupe « Chine, Corée du Sud, Japon » atteindre de nouveaux records.

Un resserrement des performances des 6 meilleures nations

On peut enfin s’intéresser au groupe des 6 pays les plus performants aux Jeux d’hiver et observer un resserrement très marqué des positions.

Alors que les athlètes du regroupement RFA+RDA avaient emporté plus du quart des médailles en 1976 à Innsbruck, l’Allemagne n’a plus glané que 6,7 % des médailles à Sotchi. A l’inverse, les athlètes canadiens, qui n’atteignaient pas 1 % des récompenses en 1972 à Sapporo, en ont raflé plus de 10 % à Vancouver en 2010 (boosté par l’effet « pays organisateur ») et ont confirmé à Sotchi en 2014 (8,8 %).

Et la France ?

En revanche, pour la France, la barre des 10 % de médailles, frôlée à Grenoble en 1968, semble désormais bien loin. Les 5,3 % de médailles obtenues à Albertville en 1992 comme à Sotchi en 2014 font figure d’étalon de bonne performance. Renouveler ce score à PyeongChang signifierait obtenir au moins 16 médailles.

Gold über alles

Mieux encore encore que les médailles, ce sont les médailles d’or qui conditionnent l’appréciation sur le caractère plus ou moins « réussi » des Jeux. C’est aussi ce nombre de médailles d’or qui détermine la position d’une nation dans le classement officiel que publie le CIO. En ce domaine, la France n’est pas très performante. Son record est de 4 médailles d’or pour sur une olympiade (1968, 2002, 2014), très loin du Canada à Vancouver en 2010 (14 médailles d’or). Plus largement, la France a tendance à obtenir une plus forte proportion de médailles d’argent ou de bronze, là ou d’autres nations présentent la caractéristique inverse. Le champion de la sur-performance en matière d’obtention de médailles d’or (au regard du nombre de médailles d’un autre métal obtenu) est -les clichés ont la vie dure- l’Allemagne. On peut, à l’aide d’un petit indice (dont je vous passerai les détails du calcul), classer les 15 pays aux performances les plus significatives dans l’ordre de leur sur/sous performance en ce domaine aux Jeux d’hiver (entre Albertville 1992 et Sotchi 2014) :

Livrons-nous au petit jeu des pronostics

Pour finir en beauté ce post, hasardons nous à établir un petit pronostic pour les Jeux de 2018. Sur la base d’une utilisation des techniques « déconnométriques » (chères à L. Arrondel et J.-F. Laslier) les plus récentes, voici la prévision du nombre total de médailles qu’obtiendront les 15 principales nations :

Rendez vous le 26 février 2018 pour juger de la fiabilité de la Déconnométrie.

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